Le territoire balbynien inspire les écrivains
FROISSART Lionel, Punto Basta, Paris, éditions Héloïse d’Ormesson, 2021, 182 p. (Littérature française). Cote : 8/9527

Résumé : Jocelyne, fonctionnaire au service des cartes grises, mène une existence solitaire à Bobigny. La nuit du 30 août 1997, alors qu'elle est au volant de sa Fiat, surnommée Paulette, une puissante berline la percute. Le lendemain, les informations relayant la mort de lady Di dans un accident de la route poussent Jocelyne à se débarrasser de sa voiture.
Histoire locale : à travers le portrait et les agissements de sa protagoniste, l'auteur nous dépeint l'atmosphère de Bobigny : son centre-ville, son quartier administratif, son tissu social et commercial, en somme il donne à voir tout un territoire et ses représentations géographiques et spatiales.
Extraits : « Si elle avait suivi cet itinéraire, une fois parvenue à la porte de Pantin, laissant Paris dans le rétro pour bifurquer vers la gauche, elle aurait franchi le pont au-dessus du canal de l'Ourcq, serait passée à proximité des Grands Moulins, puis aurait viré à droite devant la mairie de Pantin, le long des anciens locaux de la Seita et les ateliers de l'usine Motobécane où son père s'était un temps usé la santé - juste devant la piscine municipale en brique rouge où elle avait appris à nager. Lorsqu'elle revenait par-là, elle ne pouvait s'empêcher d'être nostalgique face aux souvenirs de la chaude humidité et du fumet particulier du chlore. Continuant alors tout droit sur l'avenue du Général-Leclerc, elle aurait bordé l'immense cimetière qui s'étale sur les communes de Pantin et de Bobigny, le plus grand de la région parisienne, et même de France. Enfin, elle aurait filé sur l'avenue Henri-Barbusse jusqu'au carrefour des Six-Routes pour tourner à droite vers ce qui s'était appelé Bobigny 2. Avec un peu de chance et une bonne synchronisation des feux, en moins d'une demi-heure elle aurait été chez elle. Mis non. Ce soir-là, elle était restée fidèle aux habitudes de ses échappées parisiennes. De nuit, elle adorait quitter la capitale par les beaux quartiers. L'ouest parisien la faisait fantasmer. Elle ne pourrait jamais y habiter, mais au moins elle pouvait y passer. » p. 15.
« Les jours de grande chaleur, l'odeur du bitume surchauffé l'emportait désormais sur celle des tilleuls et des rares marronniers décimés par des maladies plus ou moins exotiques. Les commerces de proximité disparaissaient à la même cadence, mais pas pour les mêmes raisons [...] » p. 56-57.
« Il y a longtemps, l'ouverture d'une grande surface Mammouth avait porté un coup fatal à la plupart des commerçants du quartier, déjà minés par le faible pouvoir d'achat de la nouvelle population s'installant dans les environs. Puis, le temps passant, le gros mammifère s'était fait piétiner à son tour comme ses congénères quelques milliers d'années plus tôt. Même le marché des Six-Routes, ouvert deux jours par semaine, ne faisait plus vraiment recette. [...] l'activité de la ville s'était concentrée dans les galeries morbides du centre commercial qui se délabrait à côté de la préfecture. » p. 57.
« En passant à proximité de la tour du parc de l’Illustration, son esprit se mit à vagabonder en songeant aux heures merveilleuses qu’elle avait passées dans ce vaste espace […] Le magazine L’Illustration, qui avait cessé de paraître il y avait belle lurette, avait laissé les magnifiques locaux de son imprimerie à l’abandon avant qu’ils ne soient loués par un transporteur puis rachetés par la ville de Bobigny. Jocelyne était heureuse que cette merveille architecturale soit devenue une université ultra-moderne. » p. 101
SOULEIMANE Omar Youssef, Une chambre en exil, Paris, Flammarion, 2022, 216 p. (Littérature française). Cote : 8/9526
Résumé : Un réfugié syrien s'installe dans une chambre à Bobigny où il espère oublier son passé douloureux et commencer une nouvelle vie. Bientôt, il rencontre Violette, sa voisine, qui le séduit rapidement. A mesure qu'ils apprennent à se connaître, le narrateur se rend compte que la jeune femme fréquente un lieu dirigé par un imam extrémiste.
Extraits : « Des dizaines de personnes me précèdent devant la préfecture, arrivées bien en avance pour être certaines de pouvoir entrer. […] Ce bâtiment me fait penser à mes premières journées en région parisienne, quand je venais suivre des cours de français dans une salle réservée par la préfecture. […] p. 19
« Cette étape administrative n’est pas la dernière, mais elle permet d’accéder à la suivante sur le long chemin aboutissant au dépôt d’un dossier de naturalisation. Une première tentative à la suite d’un autre déménagement avait échoué : la même adresse ne figurait pas sur tous les papiers. » p. 21
« Le tramway s’ébranle dans l’avenue qui borde un beau cimetière. Sa porte, gigantesque, est souvent ouverte. Les tombes de marbre sont belles, les morts vivent bien ici. Il dessert la mosquée, pas loin du boulevard Lénine. Entre ce dernier et les djellabas, l’histoire de Bobigny transparaît : un passé communiste, attesté par les noms de certaines rues, et un présent islamiste, bien visible. » p. 49
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CHANDERNAGOR Françoise, La chambre, Paris, Gallimard, 2004, 457 p. Cote : 16/1116
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ROLIN Jean, Zones, Paris, Gallimard, 1996, 175 p. (Folio ; 2913). Cote : 16/2077
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