Incendie à l'usine Sonolor
Le 23/01/2023 à 16h45 par AD 93
L’entreprise Sonolor, fabricant de transistors et télévisions est créée à Paris par M. Bazin en 1948. Elle s’installe à La Courneuve - rue Paul-Vaillant-Couturier - en 1959. Rachetée par l’entreprise étasunienne I.T.T. (International Telephone and Telegraph) aux débuts des années 1970, elle emploie alors environ 700 personnes.
 
L’entreprise I.T.T., craignant la nationalisation de ses activités au Chili, est connue pour son activisme pour contrer l’accession au pouvoir du socialiste Salvador Allende, candidat de l’union des gauches chiliennes, l’Unité populaire.   

Dès 1970 elle a notamment proposé, sans succès, un million de dollars à la Central Intelligence Agency (CIA), les services secrets des États-Unis, pour aider à empêcher l’élection du leader socialiste. En mars 1973, un dirigeant d’I.T.T. reconnaît même devant une commission d’enquête du Sénat étasunien avoir envisagé de créer un « climat de chaos » au Chili.     
          
Salvador Allende, élu président du Chili le 3 novembre 1970, sera renversé par un coup d’État orchestré par le général Augusto Pinochet et soutenu par les États-Unis le mardi 11 septembre 1973. Allende se suicidera le même jour à la Moneda, le palais présidentiel. Pinochet gardera le pouvoir jusqu’en mars 1990 et mourra en 2015.
Dans la nuit du jeudi 28 février au vendredi 1er mars 1974, un incendie se déclare dans l’usine de La Courneuve.Malgré l’intervention de plus de deux cent sapeurs-pompiers commandés par le général Férauge, l’incendie fait rage sur ce site de plus de 10 000 m² et la plupart des installations sont ravagées.
 

Cette même nuit, vers une heure du matin, soit près de trois heures après le début de l’incendie, l’agence France Presse reçoit un communiqué de la part d’un obscur groupe clandestin nommé « il y a toujours quelque chose à faire ! ». Celui-ci, alors que le nouvel ambassadeur du Chili Fernando Duran Villarealvient de prendre ses fonctions en remplacement de Pablo Neruda, revendique l’attentat en ces termes « Sonolor, souhaite la bienvenue à l'ambassadeur de la junte chilienne. Les représentants d'I.T.T.-Sonolor à La Courneuve ont exprimé leur contentement par une grande explosion de joie… »[1].
 
S’agit-il d’une revendication opportuniste à la suite d’un accident ? D’un attentat ?     
Au lendemain de l’incendie, le chef de la brigade criminelle Roger Poiblanc déclarera à la presse :
« Rien encore ne peut nous permettre de pencher pour la thèse criminelle plutôt que pour l'accident »[2].

Si l’enquête permettra de déterminer avec certitude que le feu s'est déclaré au rez-de-chaussée de l'un des bâtiments, elle ne permettra pas de confirmer l’hypothèse criminelle ni d’appréhender le ou les auteurs de cette revendication.
 

 


[1] Sources : Le Monde, 2 mars 1974.

[2] Sources : Le Monde, 4 mars 1974.

Mots clés : 
Partagez cet article
Billets proches

Aucun billet trouvé