Historique du syndicalisme dans les tabacs et allumettes
Le premier syndicat des tabacs apparaît à la suite d'une grève dans la manufacture des tabacs de Marseille, le 1er juillet 1887. Il est suivi par un syndicat de la manufacture de Lyon, puis par un syndicat de la manufacture des tabacs de Paris Gros-Caillou[1]. En 1893, à la manufacture des tabacs de Morlaix, l'administration évoque une réunion confidentielle avec un syndicat ouvrier à la suite d'une grève de 800 ouvrières qui revendiquent une augmentation de salaire.
Ces syndicats, puis d'autres, se regroupent pour former en décembre 1890 la première Fédération nationale des Ouvriers et Ouvrières des Manufactures de Tabacs de France. Lors de son premier congrès en décembre 1891, quinze manufactures sont représentées sur les vingt que compte la France. Les cinq autres vont créer leurs syndicats pour rejoindre le deuxième congrès fédéral de décembre 1892[2]. La Fédération du Tabac publie le premier numéro de son mensuel, l'Écho des tabacs, le 1er septembre 1895[3]. Au congrès de Limoges (1895), elle participe à la création de la Confédération générale du Travail (CGT).
En 1920, lorsque la CGT est divisée entre «confédérés» et «unitaires», la Fédération des Tabacs se divise également. Des syndicats unitaires sont constitués et forment une Fédération unitaire des Tabacs qui a son siège à Morlaix. Elle adhère au Cartel unitaire des Travailleurs de l'État. Elle va s'exprimer dans le mensuel du Cartel tandis que les confédérés gardent l'Écho des tabacs.
Parallèlement, les allumettiers fondent la Fédération des Ouvriers et Ouvrières des Manufactures d'Allumettes en 1892, mais selon un parcours distinct. Dans un premier temps, leur fédération s'est affiliée à l'Union fédérative des Travailleurs de l'État dès la création de cette dernière en décembre 1901[4]. Ils n'adhèrent à la CGT qu'en 1902. Lors de la scission de la CGT en 1920, contrairement à la Fédération des Tabacs, celle des allumettes choisit la neutralité. Puis, en 1924, des militants allumettiers quittent la fédération et se joignent à la Fédération des Tabacs CGT unitaire, ce qui donnera naissance à la première Fédération des Tabacs et Allumettes. Quant à la Fédération des Allumettes, elle retourne à la CGT[5] en 1924 et en 1926 adhère à la Fédération nationale des Travailleurs de l'État CGT[6].
La Fédération CGT des Tabacs et Allumettes
En 1935, les fédérations des tabacs et allumettes confédérées et unitaires décident l'unité syndicale et fusionnent en une seule Fédération des Tabacs et Allumettes CGT[7]. C'est aussi en 1935 que le monopole des allumettes rejoint le Service d'exploitation industrielle des Tabacs et Allumettes, le SEITA.
Après la Libération, en 1948, la Fédération CGT des Tabacs et Allumettes connaît une nouvelle scission. La majorité des membres de son exécutif, à l'exception du trésorier adjoint, adhèrent à l'organisation syndicale CGT-Force Ouvrière. Durant cette période de recomposition des forces syndicales, est créé en 1949 le Syndicat national des Cadres et Techniciens du SEITA CGT (SNCT). Lors de son congrès de 1979, il change de titre pour Syndicat national des Cadres, Techniciens et Employés du SEITA CGT (SNCTE).
Le 7 janvier 1959, le SEITA devient un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). La réforme du statut des personnels du SEITA en 1962 modifie le régime des salariés, auparavant assimilés aux fonctionnaires des PTT et ouvriers d'État, en un statut autonome.
En avril 1965, la Fédération CGT des Tabacs et Allumettes regroupe pour la première fois toutes les catégories de personnel.
En 1980, le SEITA change de statut et devient la Société nationale d'exploitation industrielle des Tabacs et Allumettes (SEITA). La société est privatisée par décret du 4 janvier 1995 et l'institution du monopole de l'État sur le tabac et les allumettes est définitivement close après quatre siècles d'existence.
En 1999, la SEITA fusionne avec la société espagnole Tabacalera. Le groupe prend le nom d'Altadis. Il cède l'activité allumettes en 2000 au groupe tunisien SOFAS.
Depuis 2008, la Fédération CGT des Tabacs et Allumettes a intégré la Fédération CGT de l'Agroalimentaire et des Activités forestières. Elle figure comme Union fédérale des Tabacs.
Notes:
[1] Cent ans tout feu tout flamme, Fédération CGT des tabacs et allumettes, 1990, p. 30.
[2] Cf. Congrès de la fédération nationale des tabacs, 453 J 1-2. Syndicats présents au 1er congrès: 1. Paris-Reuilly, 2. Paris-Pantin, 3. Paris-Gros-Caillou, 4. Marseille, 5. Lyon, 6. Nice, 7. Nancy, 8. Chambre syndicale des ouvriers et ouvrières de la manufacture des tabacs de Dijon. Syndicats présents au 2e congrès: 9.Lille, 10. Châteauroux, 11. Morlaix, 12. Le Havre, 13. Dieppe, 14. Toulouse, 15. Bordeaux, 16. Riom, 17. Nantes, 18. Orléans, 19. Le Mans, 20. Tonneins.
[3] Périodique conservé à la BNF (cf. Sources complémentaires) et probablement disparu des archives de cette fédération. Cf. Ouvrières et ouvriers des manufactures de tabacs du Gros-Caillou et d'Issy-les-Moulineaux 1890-1914, mémoire de maîtrise élaboré par Éric Godeau, p. 6, 1997, 453 J253
[4] La CGT et le mouvement syndical, Paris 1925, p.323, p. 454.
[5] Concernant la ré-adhésion de la fédération des allumettes à la CGT, cf. La CGT et le mouvement syndical, p. 325.
[6] La Fédération nationale des travailleurs de l'État CGT est fondée en janvier 1922, Ancienne Union fédérative des travailleurs de l'État (1901). Cf. La CGT et le mouvement syndical, p. 453.
[7] Cent ans tout feu tout flamme, p. 57.