Ce fonds d'archives contient les archives de la Fédération nationale des syndicats ouvriers coiffeurs fondée en 1894 et celles de la Chambre syndicale ouvrière des coiffeurs de Paris créée en avril 18821. L'histoire de ces deux organisations est étroitement liée. La Chambre syndicale ouvrière des coiffeurs de Paris adhère à la Fédération dès la création de celle-ci. Réunis à Lyon le 3 septembre 1894, les syndicats des coiffeurs de France fondent la Fédération nationale des syndicats ouvriers des coiffeurs et du Canton de Genève (Suisse française)2.
Les premiers congressistes coiffeurs organisent des réunions mixtes ouvrières et patronales au cours desquelles sont débattues les conditions de travail. Ils envisagent la réforme de leur profession et l'amélioration de leurs conditions de travail et de vie. Ainsi l'ordre du jour du 1er congrès pose le problème de la règlementation des heures de travail journalières et la possibilité de fixer une journée de repos hebdomadaire. Ils aspirent à encadrer les tâches de la profession de manière à ce qu'elles ne débordent pas sur des travaux de nettoyage et revendiquent la rétribution des heures supplémentaires. Il est aussi question d'obtenir l'hygiène des logements où les employeurs logent leurs ouvriers coiffeurs. Ils revendiquent une heure fixe pour les repas, la suppression du pourboire considéré comme étant de la mendicité et la suppression des bureaux de placement. L'enseignement professionnel est organisé par les syndicats qui créent des écoles de coiffures. Les cours professionnels sont recommandés pour le renforcement et la transmission du métier3.
En 1921, la Confédération générale du travail (CGT) se divise en deux tendances, révolutionnaire (unitaire) et réformiste (confédérée).
En 1922, la Fédération nationale des coiffeurs adhère à la Confédération générale du travail unitaire (CGTU) de tendance politique révolutionnaire. Au congrès extraordinaire de Bourges de 1923, elle est représentée par un délégué de la Chambre syndicale ouvrière de Paris et de la Seine.
En 1936, François Magnien4 devient secrétaire général de la Fédération CGT des coiffeurs et suppléant à la commission exécutive des syndicats de la Région parisienne à la suite du congrès de fusion des 18-19 janvier 1936. La Chambre syndicale ouvrière des coiffeurs de Paris, loue un local sis 7 rue Darboy dans le 11ème arrondissement de Paris. Elle y installe ses œuvres sociales, l'École parisienne de coiffure, un groupe artistique, le Sporting-Club de la coiffure, le conseil juridique et la bibliothèque professionnelle et sociale. La Fédération est aussi logée à la même adresse.
En 1939, F. Magnien est aussi responsable de la Chambre syndicale des ouvriers coiffeurs de Paris et de la région parisienne (organisation dissoute le 21 novembre 1939) et membre de la commission administrative de la CGT. Il fonde l'École nationale professionnelle des jeunes coiffeurs et coiffeuses qu'il dirige après la guerre.
En 1940, les biens et locaux sont dévolus aux nouvelles structures syndicales instaurées par le régime de Pétain. Sous l'occupation, le secrétaire fédéral, reprends la direction de la Fédération nationale des ouvriers coiffeurs et participe à la création du Syndicat unique des coiffeurs parisiens. Il œuvre activement à l'application de la Charte du travail. Il est nommé directeur du centre d'apprentissage de la coiffure. L'École parisienne de coiffure devient autonome puis ferme ses portes. F. Magnien créée une école privée qu'il nomme l'École de coiffure de Paris.
En 1944, les responsables syndicaux écartés du mouvement syndical pendant l'Occupation décident de reprendre leur place en vertu de l'Ordonnance du 27/07/1944 qui stipule le rétablissement de la liberté syndicale. Ils reconstituent la Chambre syndicale ouvrière des coiffeurs de Paris et de la Région parisienne avec l'accord de la CGT. De son coté le groupe Magnien reconstitue le Syndicat des ouvriers coiffeurs et coiffeuses de Paris à la place du syndicat unique dissous.
A la suite d'une assemblée générale de la Chambre syndicale ouvrière des coiffeurs de Paris tenue le 30 octobre 1944, François Magnien est exclu à vie du mouvement syndical.
Entre le groupe Magnien à la tête du Syndicat des ouvriers coiffeurs et coiffeuses de Paris et les anciens membres de la CGT dirigeants de la Chambre syndicale ouvrière des coiffeurs de Paris, le conflit perdure et mine le mouvement syndical des coiffeurs. Mais les membres du de la Chambre syndicale ouvrière de Paris déclarent l'organisation Magnien illégale.
En 1945, le bureau confédéral désigne un comité de gestion qui prendra la direction de la Fédération en attendant le règlement du conflit lors du congrès suivant en août 1945. Sous la pression de la CGT, F. Magnien, démissionne le 18 janvier 1945.
La Chambre syndicale mènera une longue bataille juridique contre Magnien pour récupérer ses biens et les locaux de la rue Darboy5. Ils ne sont restitués qu'en 1947.
Ce conflit ne sera jamais réglé. La Chambre syndicale est dissoute par la CGT. La Fédération des coiffeurs jouera le rôle de la Chambre syndicale, pour elle-même disparaître dans les années 1970.
1. Cf. le registre des assemblées générales de la Chambre, 1882-1887, 234J/5.
2. Cf. 1er congrès 1894, 234J/1.
3. Cf. 2ème congrès 1895, p.15, 234J/1.
4. Magnien François, Pierre (1906-1989), ouvrier coiffeur ; secrétaire de la Fédération CGT des ouvriers coiffeurs, président de la Fédération FO des syndicats d'ouvriers coiffeurs, cf. Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, mouvement social : http://maitron.fr/spip.php?article119429.
5. Cf. L'affaire Magnien, 234J/14.