Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon : de nouvelles archives en ligne

Eclairage sur nos fonds

Tract recto - 335J/31 - Archives du PCF / Fonds David Diamant / AD93

335J/31 - Archives du PCF / Fonds David Diamant / AD93

 

335J/31 - Archives du PCF / Fonds David Diamant / AD93

 Le 21 février 1944, vingt-deux des vingt-trois condamnés à mort du « groupe Manouchian » tombent sous les balles allemandes au Mont Valérien. Olga Bancic, seule femme à recevoir cette sentence, est guillotinée en Allemagne quelques semaines plus tard, le 10 mai. Les visages de dix de ces combattants sont reproduits sur « l’affiche rouge » placardée par l’occupant. Une mémoire d’abord partisane se construit après la guerre, à travers notamment les mots de Louis Aragon (« Strophes pour se souvenir », 1955) et la voix de Léo Ferré (« L’affiche rouge », 1961). Elle déborde aujourd’hui les cercles militants pour s’inscrire dans celle de la Nation toute entière.

Les archives de la direction nationale du Parti communiste français (PCF) gardent des traces de cette histoire. Classées archives historiques par l’État, en dépôt aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis (AD93), ces archives sont accessibles aux lecteurs. En accord avec le PCF, les AD93 s’associent aujourd’hui aux différentes initiatives engagées dans le cadre de l’entrée au Panthéon de Mélinée et Missak Manouchian par la mise en ligne d’un corpus d’archives concernant le couple et le réseau dans lequel ils évoluaient, celui des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrés (FTP-MOI) actifs à Paris et sa région pendant l’Occupation.  

Il s’agit-là de documents émanant de la commission centrale de contrôle politique (sous-série 261J6), du nom de cette structure interne au PCF chargée de sanctionner les infractions à la discipline. Elle a été sollicitée à la Libération pour mener, avec la section des cadres, des enquêtes internes sur des évènements ayant impliqué des militants, et des enquêtes externes sur des organisations et groupes d'individus non communistes dont l'action a eu des répercussions sur le parti. Elle a réuni, pour ce qui concerne l’enquête sur la chute du « groupe Manouchian », une documentation compilant de nombreux documents provenant de la brigade spéciale n° 2 des renseignements généraux de la préfecture de police. Les procès-verbaux de filatures, d’interrogatoires, d’arrestations, les rapports, les états d’organisation, les listes des détachements, des attentats, des noms et responsabilités, des « logés », permettent une approche fine de l’avancée patiente de l’enquête policière jusqu’à la chute du groupe.

Cette matière, dont on ne sait ni quand ni comment elle est parvenue au PCF, a été utilisée après la Libération pour faire la lumière sur les responsables de la chute. Joseph Dawidowicz, celui qui fut exécuté en décembre 1943 par une équipe du PCF, était-il le seul traître ? Se sont donc ajouté des notes, rapports et correspondances ultérieurs, d’acteurs de cette histoire notamment. Soulignons également la présence de schémas de filatures, peut-être réalisés dans le cadre de l’enquête policière, peut-être plus tardivement par le parti. Ces archives ont été réétudiées par le PCF dans les années 1980, à l’occasion de différentes polémiques mettant en cause sa responsabilité. Intégralement numérisées à l’exception d’une revue de presse constituée dans les années 1980, elles sont donc désormais accessibles en ligne.

Extraits

Rapport de police suite à l’arrestation de Joseph Dawidowitzc le 26 octobre 1943, s.d. (Archives du PCF / AD93, 261J6/21). - <p>Page 2</p>

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Rapport de police suite à l’arrestation de Joseph Dawidowitzc le 26 octobre 1943, s.d. (Archives du PCF / AD93, 261J6/21). - <p>Page 1</p>

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La chute de Joseph Dawidowitzc.

Rapport de police suite à l’arrestation de Joseph Dawidowitzc le 26 octobre 1943, s.d (Archives du PCF / AD93, 261J6/21).

Rapport de la brigade spéciale n° 2 des renseignements généraux de la préfecture de police suite à la filature de Missak Manouchian (« Bourg »), 28/09/1943 (Archives du PCF / AD93, 261J6/21) - <p>Page 4</p>

Page 4

Rapport de la brigade spéciale n° 2 des renseignements généraux de la préfecture de police suite à la filature de Missak Manouchian (« Bourg »), 28/09/1943 (Archives du PCF / AD93, 261J6/21) - <p>Page 3</p>

Page 3

Rapport de la brigade spéciale n° 2 des renseignements généraux de la préfecture de police suite à la filature de Missak Manouchian (« Bourg »), 28/09/1943 (Archives du PCF / AD93, 261J6/21) - <p>Page 2</p>

Page 2

Rapport de la brigade spéciale n° 2 des renseignements généraux de la préfecture de police suite à la filature de Missak Manouchian (« Bourg »), 28/09/1943 (Archives du PCF / AD93, 261J6/21) - <p>Page 1</p>

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Missak Manouchian ("Bourg") repéré.

Rapport de la brigade spéciale n° 2 des renseignements généraux de la préfecture de police suite à la filature de Missak Manouchian (« Bourg »), 28/09/1943 (Archives du PCF / AD93, 261J6/21).

Schéma réalisé suite aux filatures des membres du « groupe Manouchian » par la brigade spéciale n° 2 des renseignements généraux de la préfecture de police [auteur non identifié], s.d. (Archives du PCF / AD 93, 261J6/22).  - <p>Page 1</p>

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Le démantèlement du réseau.

Schéma réalisé suite aux filatures des membres du « groupe Manouchian » par la brigade spéciale n° 2 des renseignements généraux de la préfecture de police [auteur non identifié], s.d, (Archives du PCF / AD 93, 261J6/22).

Attestation de Joseph Tomasina adressée au PCF, s.d. (Archives du PCF / AD 93, 261J6/22). - <p>Page 2</p>

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Attestation de Joseph Tomasina adressée au PCF, s.d. (Archives du PCF / AD 93, 261J6/22). - <p>Page 1</p>

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L'enquête du PCF.

Attestation de Joseph Tomasina adressée au PCF, s.d. (Archives du PCF / AD 93, 261J6/22).

Pour aller plus loin

 

Parmi les fonds personnels, les archives de David Diamant (sous-série 335J) apparaissent comme une autre source d’importance, en particulier pour ce qui a trait à la résistance juive. Militant communiste, documentaliste, auteur de nombreux ouvrages sur la résistance communiste juive largement cités dans les travaux précurseurs d’Annette Wieviorka (Ils étaient juifs, résistants, communistes, Denoël, 1986) et de Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski (Le sang de l’étranger, Fayard, 1989), il a tout au long de sa vie rassemblé une quantité considérable d’archives aujourd’hui dispersées dans différentes institutions, mais toujours sollicitées par des jeunes chercheurs, à l’instar de Zoé Grumberg pour sa thèse sur le secteur juif du PCF de la Libération à la fin des années 1950 (Militer en minorité, IEP Paris, 2020).

Pour consulter l'inventaire du fonds David Diamant : cliquez ici.

Pour consulter la page dédiée à l'histoire de la MOI (Main-d'œuvre immigrée) sur le site de la fondation Gabriel Péri : cliquez ici.