À la Libération, Suzanne Citron obtient l'agrégation d'histoire. Elle enseigne au lycée pendant une vingtaine d'années avant de devenir, à l'issue de sa thèse en histoire contemporaine (1974), maîtresse de conférences à l'université Paris XIII-Villetaneuse. Pendant la guerre d'Algérie, qu'elle définit comme "un second choc intérieur", elle devient une militante anticolonialiste. Elle prend alors conscience de profonds biais dans la façon dont l'histoire - notamment du colonialisme français - est enseignée.

 

Suzanne Citron s'impose à partir des années 1960 comme une figure incontournable des débats sur l'enseignement et la pédagogie. Elle se fait connaître par ses nombreux écrits en faveur d'une refonte du système scolaire et d'une rénovation des programmes. Elle milite en ce sens, pendant dix ans, au sein du Parti Socialiste. En 1971, elle publie son premier ouvrage, L'école bloquée.

 

À la fin des années 1980, dans un contexte marqué par la politisation de la question de l'immigration et de l'identité, Suzanne Citron publie l'ouvrage qui restera associé à son nom, Le Mythe national. Elle y réaffirme la nécessité de déconstruire l'histoire et la façon dont elle est enseignée afin d'appréhender la France comme un pays aux multiples racines, fruit de métissages anciens et d'immigrations récentes, et faisant partie d'un monde et d'une histoire plus vastes.