Le fonds Henri Barbusse / Annette Vidal a pour particularité d'être composé d'archives provenant de plusieurs producteurs, qu'il s'agisse de personnes physiques ou d'une structure liée au Parti communiste français (PCF), la Bibliothèque marxiste de Paris (BMP).
Henri Barbusse
Henri Barbusse naît le 17 mai 1873 à Asnières (Seine) d'un père licencié de théologie de l'Université de Genève, devenu journaliste et chroniqueur théâtral au Siècle et d'une mère d'origine anglaise qui meurt alors que le jeune Henri n'a pas trois ans. Dès les années 1890, il pénètre le milieu littéraire, suite à sa participation remarquée en 1892 au concours de poésie de L'Écho de Paris de Catulle Mendès dont il épouse la fille Hélyonne en 1898. En 1895, Barbusse publie son premier recueil de poèmes, Pleureuses. Après avoir travaillé au cabinet du ministre de l'Agriculture Jean Dupuy entre 1899 et 1902, Barbusse se consacre exclusivement au journalisme (contes, nouvelles, chroniques théâtrales) et à l'édition, tout en fréquentant le Paris littéraire. Malgré ses problèmes pulmonaires, il s'engage volontairement en août 1914 à 41 ans et, à partir de décembre, participe aux combats de première ligne au sein du 231ème régiment d'infanterie. Il reste dix-sept mois à l'armée, dont onze au front comme simple soldat et brancardier, recevant deux citations pour son courage. Malade, il devient secrétaire d'état-major et fréquente les hôpitaux militaires. En 1916, il publie son roman Le Feu qui reçoit le prix Goncourt. L'année suivante, il fonde avec Raymond Lefebvre et Paul Vaillant-Couturier l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC) et l'Internationale des anciens combattants (IAC). En 1918, il est appelé par Jean Longuet au journal socialiste Le Populaire dont il devient le directeur littéraire jusqu'en 1920. En 1919, rallié à la défense de la révolution bolchévique et aux thèses de la 3ème internationale, il fonde le mouvement Clarté et sa revue éponyme mais n'adhère au Parti communiste Section française de l'Internationale communiste (PC-SFIC) qu'en 1923. De 1926 à 1929, il est directeur littéraire de l'Humanité et crée parallèlement la revue Monde (1928).
Dans ces années d'après guerre et jusqu'à sa mort, Barbusse met sa plume au service de son engagement, son destin littéraire étant dès lors associé à son action militante au sein du mouvement communiste. Il anime ou s'associe à de nombreux comités et de multiples campagnes, et effectue régulièrement des voyages à l'étranger. Ainsi séjourne-t-il à plusieurs reprises en URSS où il est reçu par Staline dont il devient le biographe en 1935. En 1932, avec Romain Rolland, Henri Barbusse lance un appel pour que se tienne un congrès mondial contre la guerre, qui connaît un retentissement important dans les milieux intellectuels. Des personnalités de renom, à l'instar d'Albert Einstein, Henrich Mann, John Dos Passos, Upton Sinclair, Bertrand Russell ou encore Maxime Gorki, rejoignent l'appel. Le congrès, initialement prévu en juillet 1932 à Genève, se réunit finalement à Amsterdam à la fin du mois d'août. À son issue est instituée une structure permanente, le Comité mondial contre la guerre impérialiste (130 membres), doté d'un bureau international (21 membres) et d'un secrétariat provisoire (4 membres). En 1933, le mouvement d'Amsterdam s'associe au congrès ouvrier antifasciste européen convoqué à l'initiative de la CGT italienne et de l'opposition syndicale révolutionnaire d'Allemagne à la salle Pleyel (Paris) du 4 au 6 juin 1933 , dont est issu un Comité européen de lutte contre le fascisme. Dans le courant de l'été, le mouvement d'Amsterdam et celui issu de Pleyel fusionnent pour donner naissance au mouvement Amsterdam-Pleyel. Un Comité mondial contre la guerre et le fascisme est institué. Il se dote de comités spécialisés (femmes, jeunes, étudiants, anciens combattants, médecins et savants, écrivains et artistes). Avec le Front populaire, la section française d'Amsterdam-Pleyel devient le "mouvement populaire Paix et liberté (Amsterdam-Pleyel)", doté d'un journal hebdomadaire éponyme. Henri Barbusse s'éteint à Moscou le 30 août 1935, accompagné jusqu'au bout par sa fidèle secrétaire Annette Vidal.
Source : Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, notice consacrée à Henri Barbusse.
Annette Vidal
Annette Vidal naît le 30 mai 1894 à Cannes (Alpes-Maritimes). Elle est la fille de Paul Vidal, instituteur et syndicaliste, militant socialiste proche de Marcel Cachin depuis 1907. Elle-même institutrice, elle enseigne un temps puis entre au service de Barbusse en tant que secrétaire en 1920, par l'entremise du couple Cachin. Adhérente au parti communiste en 1920 après avoir milité en faveur du ralliement de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) à la 3ème internationale, ayant également rejoint le groupe Clarté, Annette Vidal, qui devait initialement travailler temporairement pour l'écrivain, l'accompagne finalement jusqu'à sa mort en 1935, que ce soit dans ses activités quotidiennes ou pendant ses nombreux voyages. Après la mort de Barbusse, elle poursuit ses activités administratives au sein du mouvement Amsterdam-Pleyel, devenant en 1938 la gérante de l'hebdomadaire Coups de ciseaux, qui publie des extraits de la presse étrangère pour le compte du mouvement. Résistante de la première heure pendant l'Occupation son appartement parisien sert de planque à de nombreux résistants dont Gabriel Péri , elle fait partie d'un groupe d'intellectuels de la région lyonnaise, participant à l'édition clandestine de l'hebdomadaire Les Étoiles. Elle poursuit sa collaboration à la publication, devenue légale à la Libération, aux côtés de Francis Jourdain, puis, lorsque celle-ci disparaît, travaille au Groupe français d'éducation nouvelle (GFEN), tout en militant à l'ARAC en collaborant à son journal.
Annette Vidal a poursuivi tout au long de sa vie son action visant à préserver et cultiver la mémoire d'Henri Barbusse, dont elle fut héritière d'une partie des archives. Elle publie en 1953 sa biographie (Henri Barbusse, soldat de la paix, Paris, les Éditeurs français réunis) et devient une interlocutrice privilégiée pour ceux qui, notamment depuis les pays socialistes, engagent des travaux sur l'écrivain. Ainsi est-elle désignée secrétaire de l'Association des amis d'Henri Barbusse lors de sa création en 1961. Annette Vidal meurt le 5 juillet 1974.
Sources : Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, notice consacrée à Annette Vidal ; archives Henri Barbusse / Annette Vidal, AD 93, 499J.
Raymond Lefebvre
Raymond Lefebvre, né le 24 avril 1891 à Vire (Calvados), passe son enfance et sa jeunesse à Bayeux, puis à Paris où il fait sa classe de seconde au lycée Janson-de-Sailly avec Paul Vaillant-Couturier. Un temps attiré par l'Action française, il commence à fréquenter les milieux d'extrême gauche puis s'intéresse au syndicalisme révolutionnaire. Il débute son service militaire en 1912 pour en être libéré deux mois avant la déclaration de guerre. Affecté en août 1914 comme auxiliaire infirmier à l'hôpital Saint-Martin, il s'engage dès lors contre la guerre, se livrant à la propagande pacifiste auprès des blessés dont il a la charge. À l'automne 1914, Raymond Lefebvre participe aux réunions du journal la Vie ouvrière, où se retrouvent des militants syndicalistes comme Pierre Monatte et Alfred Rosmer. Temporairement réformé pour raisons de santé en octobre 1914, il est de nouveau versé dans le service armé en mai 1915 et affecté à la 22ème section d'infirmiers militaires. Il se porte volontaire au front et participe à la troisième bataille d'Artois, commençant à écrire des contes pacifistes dont certains mettent en scène des épisodes de révolte aux armées.
En novembre 1915, Raymond Lefebvre adhère à la SFIO. À la fin de cette même année, il est de nouveau envoyé au front, puis, en qualité d'infirmier-major d'ambulance, est dirigé sur Verdun. Blessé en mai 1916, il est évacué à l'hôpital de Lyon où il écrit pour l'Humanité, Le Journal du peuple, Le Populaire. En décembre 1916, Raymond Lefebvre se rapproche d'Henri Barbusse, sollicité avec d'autres pour entreprendre des projets littéraires dédiés à la description de la guerre. En mai 1917, Raymond Lefebvre est définitivement réformé. Multipliant et s'associant aux initiatives contre la guerre, il s'engage dans la fondation du groupe Clarté aux côtés d'Henri Barbusse, faisant partie de son premier comité directeur international, tout en collaborant à son journal éponyme. Il participe également à la création de l'IAC et de l'ARAC. Engagé par ailleurs dans le Comité pour l'adhésion à la 3ème Internationale à partir de 1919, Raymond Lefebvre part clandestinement pour Moscou comme délégué de ce mouvement au 2ème congrès de l'Internationale communiste (IC) convoqué à l'été 1920. C'est au cours du voyage retour à l'automne qu'il disparaît en mer avec Jules Lepetit et Marcel Vergeat.
Source : Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, notice consacrée à Raymond Lefebvre.
Marie (née Forsans) et Gustave Cresté
Les informations relatives au couple Cresté sont très lacunaires. Quelques traces bibliographiques croisées aux documents contenus dans le fonds Henri Barbusse Annette Vidal permettent néanmoins de formuler des hypothèses sur le parcours militant du couple.
Marie Forsans naît à Dax le 7 février 1868. Diplômée d'un brevet de capacité pour l'enseignement primaire puis d'un certificat d'aptitude pédagogique, il est probable qu'elle exerce un temps le métier d'institutrice. En 1919, elle semble être au service de Marcel Cachin, dont elle appartient à l'entourage. Militante socialiste dans le 18ème arrondissement de Paris en 1920, elle est signataire de la motion d'adhésion sans réserves à la 3ème Internationale au congrès de Tours. En 1929, elle est secrétaire de Marcel Cachin à l'Humanité et c'est à ce titre qu'elle cosigne une lettre de protestation suite à son expulsion des locaux du quotidien avec d'autres journalistes et employés du journal. La proximité de Marie Forsans et de son mari Gustave Cresté avec la famille Cachin est avérée par la correspondance contenue dans les archives du couple, qui informe également dans que Marie Forsans est sollicitée autour de 1930 par Annette Vidal pour renforcer temporairement le secrétariat d'Henri Barbusse. Dans ce même courrier est évoquée son amitié de dix ans avec Annette Vidal amitié confirmée par les lettres d'Annette Vidal à Marie Forsans , qui perdure après la Seconde Guerre mondiale et qui explique pourquoi des papiers du couple Cresté ont été conservés par Annette Vidal.
Sources : CACHIN Marcel, Carnets de Marcel Cachin, 1906-1947, CNRS Éditions, 4 tomes ; Dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social, notice consacrée à Marie Forsans ; lettre de protestation de rédacteurs de l'Humanité, 29 août 1929, 1 p., AD 93, 3 MI 6/50 ; fonds Henri Barbusse / Annette Vidal, AD 93, 499J/97 et 499J/114.
Bibliothèque marxiste de Paris
La Bibliothèque marxiste de Paris (BMP), dont la création est décidée en 1955 par le secrétariat du PCF, doit initialement faire office de bibliothèque de travail à disposition de la direction nationale du PCF. Elle prend dans les années qui suivent une dimension patrimoniale et historique, sa mission première étant de rassembler livres et brochures documentant l'histoire du mouvement ouvrier, et d'accueillir les archives historiques lui étant versées. Installée dans des locaux au 64 rue Blanqui à Paris, la bibliothèque prend en charge en 1973 les archives Henri Barbusse / Annette Vidal. Temporairement fermée, la BMP rouvre ses portes en 1985 au 21 rue Barrault à Paris. En 2001, un dégât des eaux provoque sa fermeture définitive, les collections d'imprimés étant pour l'essentiel stockées par le Centre technique du livre de l'enseignement supérieur, les brochures, tracts et archives rejoignant la direction nationale du PCF et les Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.
Source : Boichu Pierre, Ducange Jean-Numa, Une singulière histoire d'archives socialistes du Parti communiste français. Inventaire du fonds Paul Lafargue aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, Pantin, Fondation Gabriel Péri (avec le soutien du Département de la Seine-Saint-Denis, des fondations Gabriel Péri et Jean Jaurès, de l'Institut de recherche interdisciplinaire Homme et Société de l'université de Rouen), 2013.