La famille de Gourgue, originaire de Guyenne, ne compte plus aujourd'hui de représentants ; elle s'est éteinte en 1949, à la mort de Dominique de Gourgue (1877-1949), chapelain de Saint-Louis-des-Français à Rome. Les armes de la famille de Gourgue sont « d'azur au lion d'or, armé et lampassé de gueules accosté de deux étoiles du même ».
La généalogie mise en avant par la famille de Gourgue au cours de l'époque moderne se veut très prestigieuse : le premier représentant connu de la famille de Gourgue serait Geoffroy de Gourgue, secrétaire de Philippe IV. De même, en 1318, Philippe de Gourgue, grand-porte étendard de la Couronne, aurait épousé avec Cécile de Pélagrue, qui n'est autre que la nièce du pape Clément V (1264-1314). C'est à partir de ce mariage que la famille se serait établie en Guyenne. La famille serait également affiliée à un dénommé Pée de Gourgue, souscripteur de la charte de reconstruction de la ville de Mont-de-Marsan en avril 1156, et à Alexandre de Gourgue, maire de Mont-de-Marsan en 1400. Il semble qu'une telle généalogie soit en réalité une reconstitution ultérieure artificielle. Les études récentes sur la famille de Gourgue contestent la véracité des généalogies composées et mises en avant par la famille de Gourgue elle-même.
La famille de Gourgue prend véritablement son essor avec la génération des enfants de Jean de Gourgue et d'Isabelle de Lau ; de cette union naissent en effet Ogier et Dominique de Gourgue. Dominique de Gourgue, envoyé en Floride en 1568, y fut à l'origine de la destruction du fort espagnol de San Mateo, s'attachant par là-même, sinon le soutien royal, du moins la reconnaissance populaire. Il meurt sans postérité en 1593.
Ogier de Gourgue, lui, entame une brillante carrière dans les finances royales, en accédant aux charges de trésorier et président du bureau des finances de Bordeaux. Il épousa Jeanne de Pareige en premières noces puis Finette d'Aspremont en secondes. Son fils, Marc-Antoine de Gourgue poursuit l'ascension familiale en rejoignant la carrière parlementaire ; il devient président à mortier du Parlement de Bordeaux en 1610 puis premier président du même parlement le 27 décembre 1616, charge qu'il occupera jusqu'en 1628. C'est à partir de la génération des enfants d'Ogier de Gourgue que la famille s'installe définitivement dans la carrière parlementaire qu'elle n'a plus quittée depuis. Cet ancrage dans la noblesse de robe est assorti d'une stratégie matrimoniale visant le rapprochement avec de prestigieuses familles de magistrats. Par ailleurs, il n'existe aucune lettre d'anoblissement de la famille de Gourgue ; il semble qu'en réalité, il y ait eu un long processus d'agrégation à la noblesse : en effet, Ogier de Gourgue, dans les premiers écrits le mentionnant, apparaît comme simple bourgeois de la ville de Bordeaux, tandis qu'il est qualifié à la fin de sa vie de « chevalier » dans les années 1590. Ce processus d'agrégation a certainement été appuyé par l'exercice de charges financières importantes et par l'acquisition de terres titrées.
La branche de la famille de Gourgue qui parvînt à la seigneurie d'Aulnay provient du troisième fils d'Ogier de Gourgue et de Finette d'Aspremont, Armand de Gourgue. Armand de Gourgue, conseiller au Parlement de Bordeaux, épousa Marie du Vignau, dont naquit Jean de Gourgue. Les autres branches de la famille depuis Jean de Gourgue, le père d'Ogier, s'éteignirent au bout de 4 générations. Seule subsista jusqu'en 1949 la branche d'Armand de Gourgue, fils d'Ogier de Gourgue.
Jean de Gourgue, fils d'Armand de Gourgue, baron de Vayres, de Rabeine et de Saint-Julien, fut reçu conseiller au Parlement de Bordeaux en 1632. En 1638, il devint également président à mortier de ce même parlement. Pour le récompenser de ses services, Louis XIV érigea la baronnie de Vayres en marquisat en 1659. Il avait épousé Marie Larcher de Bojacourt en 1642 dont naquit Armand-Jacques de Gourgue.
Armand-Jacques de Gourgue, fils aîné de Jean de Gourgue et de Marie Larcher, fut lieutenant-général en la sénéchaussée de Guyenne, puis maître des requêtes en 1679. Il vint alors s'établir à Paris où il fut fait conseiller d'Etat. Il fut nommé également intendant en la généralité de Limoges, et ensuite en celle de Caen en 1686. Marié le 29 avril 1669 à Isabelle Le Clerc du Cottier grâce à laquelle il devint seigneur d'Aulnay, il obtint l'érection de la baronnie d'Aulnay en marquisat par Louis XIV en 1669. Son fils aîné, Jean-François Joseph de Gourgue devint après lui marquis de Vayres et d'Aulnay. Conseiller au Parlement de Paris, maître des requêtes, il épousa Gabrielle Isabelle de Barillon, puis Catherine Le Marchand de Bardouville. Mort en 1734, il maria son fils aîné, Armand-Pierre de Gourgue à Louise-Claire de Lamoignon, entérinant par là-même ses alliances avec la très haute noblesse parlementaire parisienne.
Armand-Pierre de Gourgue, également conseiller au Parlement de Paris et maître des requêtes, maria également son fils Armand-Guillaume François de Gourgue à une demoiselle de Lamoignon, Olive-Claire de Lamoignon. A la mort de celle-ci, Armand-Guillaume épousa en secondes noces Agnès Pinon. Sous la Révolution française, malgré le rapport favorable à son égard du comité de surveillance d'Aulnay, il est condamné à mort et exécuté le 20 avril 1794 à l'âge de 58 ans.
La famille de Gourgue fut remise à l'honneur après la Révolution : Armand Dominique Ange Louis de Gourgue, fils d'Armand Guillaume, fut nommé sous la Restauration membre de la Chambre des députés, pour le département du Tarn-et-Garonne. Il devint par la suite gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, puis pair de France.
La famille de Gourgue ne quitta pas Aulnay pour autant, et par la suite au cours du XIXe siècle plusieurs représentants de cette famille furent maires d'Aulnay : Auguste de Gourgue (1779-1839), fils d'Armand Dominique Ange, fut maire d'Aulnay de 1808 à 1830, charge qu'il cumula pour un temps avec celle de maire du Blanc-Mesnil (1816-1821). Son fils Dominique de Gourgue (1824-1893) fut également maire d'Aulnay : maire nommé tout d'abord de 1866 à 1870, puis maire élu (1870-1893).
La famille de Gourgue a su allier à une politique d'ascension sociale par l'accès à des offices parlementaires importants une politique matrimoniale qui est venue conforter cette élévation. La famille Le Clerc du Cottier avec laquelle s'unit la famille de Gourgue par l'intermédiaire du mariage d'Isabelle et d'Armand Jacques de Gourgue est une importante famille parlementaire parisienne.
En 1485, Jacques Coitier acquiert par achat la seigneurie d'Aulnay auprès des héritiers d'Eustache de Manteville par un acte du 19 juillet 1485. Ce Jacques Coitier occupait une place de choix dans les milieux d'officiers parisiens : premier médecin du roi, Jacques de Coitier fut également vice-président, puis président en la chambre des comptes, et chambellan du roi. De son mariage avec Marguerite Le Clerc, fille d'un conseiller du roi au Parlement de Paris, il n'eut aucune descendance mâle. Aussi adopta-t-il son filleul et neveu par alliance, Jacques Le Clerc, qui devint par là-même, Jacques Le Clerc dit Coitier. Cette mention « dit Coitier » accolée à son patronyme lors de l'adoption de Jacques Le Clerc par Jacques Coitier, tendit à évoluer et à s'assimiler à une particule ; les graphies en sont fluctuantes et les actes mentionnent aussi bien les Le Clerc du Cottier que de Coitier. Pour notre part, à partir de Jacques Le Clerc dit Coitier, nous utiliserons pour ses descendants l'orthographe suivante : « Le Clerc du Cottier ».
Jacques Le Clerc dit Coitier fit également une grande carrière, et fut conseiller du roi en son grand conseil, puis grand rapporteur à la chancellerie de France. Peu de choses nous sont connues de son fils Jean, écuyer ordinaire du roi. Ce Jean Le Clerc du Cottier avait épousé Anne de Lameth, fille de parlementaire parisien. Les mariages ultérieurs et précédents des héritiers de la famille Le Clerc dit Cottier viennent encore conforter cet ancrage dans le milieu parlementaire parisien : les familles alliées par les mariages ne sont pas moins que la famille Duprat (dont Antoine Duprat, chancelier de France sous François Ier, est le plus illustre représentant), la famille Briçonnet (liée à Guillaume Briçonnet, conseiller de Charles VIII) ou encore la famille Larcher (famille de parlementaires et d'officiers de finances parisiens).