En pleine période de transition entre le compagnonnage et l'organisation syndicale, la Fédération des travailleurs de l'alimentation se constitue en 1902, date où se tient son premier congrès à Paris. Ses archives documentent les congrès successifs tenus depuis sa création jusqu'en 1954[1].
Avant la création de la Fédération des travailleurs de l'alimentation, il existait deux fédérations de métier :
- La Fédération des ouvriers boulangers, qui se constitue une première fois lors d'un congrès tenu en 1893 et qui va se dissoudre en 1896. Puis une deuxième tentative est amorcée en 1898 jusqu'en 1900, date de son premier congrès fédéral. Deux ans plus tard elle adhère à la Fédération des travailleurs de l'alimentation lors du congrès constitutif de celle-ci en 1902.
La Fédération des travailleurs de l'alimentation sera longtemps marquée par la participation active de dirigeants, ouvriers-boulangers comme Jean Amédée Bousquet, secrétaire de la Fédération de 1902 jusqu'en 1910 et plus tard par Auguste Adolphe Savoie, élu secrétaire de la Fédération en 1914 et déjà trésorier depuis 1908. Pendant l'Occupation, ce dernier fut Vice-président de la Société générale du travail qui géra de 1940 à 1944 l'immeuble de la rue Lafayette, siège de la CGT. Il fut également Vice-président du Comité d'organisation professionnel qui prépara le texte de la Charte du travail. Après la Libération, il fut exclu à vie des organisations syndicales.
- La Fédération ouvrière des cuisiniers de France, qui existe depuis avril 1887 et regroupe les ouvriers cuisiniers, pâtissiers et bouchers, Contrairement à la Fédération des boulangers, elle n'adhère pas à la Fédération de l'alimentation.
En mai 1904, la Chambre syndicale des cuisiniers de Paris démissionne de la Fédération culinaire de France pour adhérer à la Fédération nationale des travailleurs de l'alimentation à la suite d'une crise au sein du Conseil syndical de la chambre. Les dissidents, anciens membres du Comité central de la Fédération culinaire, vont donner naissance à l'Union fraternelle et syndicale des cuisiniers de la Seine. En 1906, au congrès de la CGT d'Amiens, le Comité des fédérations nationales est saisi d'une plainte du syndicat des cuisiniers et décide de suspendre la Fédération culinaire[2].
Dès sa naissance la Fédération des travailleurs de l'alimentation se trouvait déjà composée des diverses chambres syndicales de métier dont les boulangers, les confiseurs, les charcutiers, les biscuitiers, les cuisiniers, les bouchers, les épiciers, les employés des hôtels, cafés, restaurants et même la Fédération des ouvriers coiffeurs. La diversité des périodiques syndicaux présents dans les archives de la FNTA traduit cet univers composé d'organisations corporatives qui existaient au début du siècle[3].
La Fédération prend une part active dans la propagande et l'action contre les bureaux de placement privés et leur fermeture. Elle participe également à l'action en faveur du repos hebdomadaire et à la lutte contre le travail de nuit dans la boulangerie. Elle poursuit aussi la réalisation d'une revendication particulière pour la règlementation des pourboires des travailleurs des hôtels, cafés, restaurants[4].
Ses activités entre 1940 et 1944 s'inscrivent dans un climat marqué par le poids de l'occupation allemande et la politique du gouvernement de Vichy qui institue une Charte du travail destinée à museler et détruire le syndicalisme ouvrier en donnant l'illusion d'une politique sociale par la création des comités d'établissements et l'institution du syndicat unique[5].
[1] Cf. 46J/1-7.
[2] Cf. 46J/15-19.
[3] Cf. 46J/20-26.
[4] Cf. 46J/29-33.
[5] Cf. 46J/34-40.